Les visites des dirigeants japonais au sanctuaire Yasukuni sont "des actes délibérés de révisionnisme" (historien français)

2014-08-06 21:06:41

PARIS, 12 janvier (Xinhua) -- La Chine et la Corée du Sud crient avec raison à la provocation du Japon dont le Premier ministre Shinzo Abe a effectué le 26 décembre 2013 une visite au sanctuaire Yasukuni. Car ces visites sont tout simplement "des actes délibérés de révisionnisme", a indiqué Bernard Brizay, historien et journaliste fran?ais, auteur du livre Le Sac du Palais d'été, dans une récente interview exclusive accordée à l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle).

Il n'en reste pas moins que ces provocations renouvelées hérissent à juste titre le patriotisme et le nationalisme chinois. Les Chinois se souviennent des 20 millions de morts causées par l'invasion japonaise (1937-1945) et du massacre de Nankin (1937), a ajouté Bernard Brizay.

Selon lui, la provocation japonaise - car il s'agit bien de cela - s'explique par deux raisons.

Pour une raison de politique intérieure d'abord. Il s'agit de plaire à certaines associations (dont l'Izokukai), qui représentent les familles des tués à la guerre.

Pour une raison d'actualité également. On sait que la question des ?les Senkaku/Diaoyu empoisonne les relations nippo-chinoises, les deux nations se disputant leur appartenance. Le gouvernement japonais entend ainsi montrer sa fermeté et sa détermination sur cette question, a estimé Bernard Brizay.

"Qu'il me soit permis d'évoquer un souvenir personnel. En septembre 2005, j'ai parcouru la Chine à l'occasion de la publication en chinois de mon livre Le Sac du Palais d'été, le pillage et l'incendie du Yuanming Yuan par les troupes anglo-fran?aises en 1860. C'était l'époque où la Chine était en émoi après une visite officielle du Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, au sanctuaire Yasukuni", a rappelé l'historien et journaliste fran?ais.

La presse chinoise n'a pas manqué d'opposer deux attitudes : celle d'un historien occidental, qui condamnait la destruction de cette merveille unique au monde qu'était le Yuanming Yuan, et qui s'excusait du crime commis par ses compatriotes, tandis que le chef du gouvernement japonais faisait acte de révisionnisme, en refusant de reconna?tre les crimes de son pays.

Que faire, face à ces actes condamnables du révisionnisme japonais, qui se refuse à condamner les criminels de guerre ? La réponse n'est pas simple. Toujours est-il que le gouvernement chinois a raison de s'en offusquer, a conclu Bernard Brizay.

Par ailleurs, Céline Pajon, une chercheuse de l'Institut fran?ais des relations internationales (IFRI) et spécialiste du continent asiatique, a indiqué dans une récente interview accordée à l'agence Xinhua qu'en se rendant au controversé sanctuaire Yasukuni le 26 décembre dernier, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a souhaité manifester de manière hautement symbolique ses convictions nationalistes. Il semble également indiquer la direction que prendra son mandat : l'idéologue Abe semble avoir pris le pas sur le pragmatique Abe.

Cette visite "regrettable" a encore accru les tensions diplomatiques dans la région, et a provoqué l'inquiétude de l'allié américain qui a exprimé son "désarroi", a poursuivi Mme Pajon.

Cette décision personnelle du Premier ministre Abe se fait "au détriment" de l'image internationale du Japon, et renvoie l'impression fausse que la majorité de la population japonaise partage ses opinions révisionnistes, ce qui n'est pas le cas. Selon un récent sondage, 70% des Japonais souhaitent que le Premier ministre prenne en considération des sensibilités régionales concernant les questions historiques, a précisé Mme Pajon.

Objet de controverses récurrentes, le sanctuaire de Yasukuni est dédié à la mémoire des soldats japonais morts au combat, dont 14 criminels de guerre de classe A condamnés en 1945, ce qui en fait un symbole du passé impérialiste du Japon.

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