Shinzo Abe doit reprendre la position de ses prédécesseurs sur la Seconde Guerre mondiale (COMMENTAIRE)

2015-08-13 16:57:31

BEIJING, 13 août (Xinhua) -- Le Premier ministre japonais Shinzo Abe doit suivre la voie tracée par ses prédécesseurs dans sa déclaration de commémoration du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toute déviation sera considérée comme le signe d'une importante modification de la politique étrangère du Japon.

Les anciens Premiers ministres japonais ont officiellement reconnu que le Japon devait présenter des excuses pour les atrocités qu'il a fait subir à des millions de personnes sous son régime colonial et au temps de l'agression japonaise.

"Je reconnais avec humilité ces faits historiques irréfutables et exprime de nouveau mes sentiments de profonds remords et présente mes excuses sincères", avait déclaré l'ancien Premier ministre Tomiichi Murayama en 1995 à l'occasion du 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'ancien Premier ministre Junichiro Koizumi a fait une déclaration similaire dix ans plus tard en reprenant des mots clés tels que "régime colonial", "agression" et "excuses".

Ces déclarations ont jeté les bases des relations du Japon avec ses pays voisins.

Mais M. Abe a laissé planer le doute sur ses intentions de reprendre la position de ses prédécesseurs dans sa déclaration, prévue pour vendredi.

Les informations contradictoires sur la déclaration de M. Abe suggèrent que son gouvernement cherche à tâter le terrain au Japon et à l'étranger, ce qui laisse supposer qu'il est réticent à faire face au passé militariste du Japon.

"La déclaration de M. Murayama est 'l'étalon-or', mais nous savons qu'au fond de son coeur, M. Abe ne veut pas dire ce que la déclaration de M. Murayama a dit", a estimé Andrew Horvat, professeur invité à l'Université internationale de Josai, cité par Reuters.

Si M. Abe décide de ne pas suivre les déclarations précédentes et évite le mot "excuses" dans sa déclaration, cela marquera un grand retour vers le passé militariste du pays.

Les partisans conservateurs de M. Abe considèrent que les excuses sont "humiliantes" pour le Japon et se plaignent d'être "fatigués de s'excuser".

Ne pas s'excuser revient à nier les "faits historiques irréfutables" et à manquer de respect envers les innocents tués ou maltraités lors de l'agression japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une telle déclaration compromettra non seulement les bases morales du gouvernement japonais, mais portera également atteinte à sa crédibilité en raison de sa position capricieuse vis-à-vis de l'histoire du pays.

M. Abe a laissé entendre que sa prochaine déclaration serait tournée vers l'avenir et fait valoir que le Japon était devenu un pays entièrement différent de ce qu'il était durant la première moitié du XXe siècle.

Mais si le pays ne fait pas face à son histoire avec honnêteté, la nature de l'avenir évoqué par M. Abe s'avérera très inquiétante.

Depuis le début de son second mandat en 2012, M. Abe a fait passer en force des projets de loi controversés sur la sécurité, malgré l'opposition croissante du public.

Les pays voisins du Japon s'inquiètent de plus en plus des récentes mesures du gouvernement japonais et de la résurgence de l'extrême-droite dans le pays.

Ces inquiétudes se renforceront certainement si M. Abe refuse de présenter des excuses pour les crimes de guerre du Japon dans sa déclaration de vendredi.

Afin de renforcer la paix et la stabilité dans la région et d'éviter des tragédies comme la Seconde Guerre mondiale, M. Abe devrait suivre ses prédécesseurs et envoyer un message clair et correct sur le passé du Japon.

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